samedi 19 février 2011

du clitoris comme objet de recherche et du plaisir des femmes comme question sociale

Planche Anatomique du Clitoris
extraite d'Odile Buisson et Pierre Foldès
Qui a peur du point G?
En janvier 2009, le Docteur Pierre Foldès donne une conférence, dans le cadre du colloque "Sciences: des différences aux inégalités entre les Femmes et les Hommes", organisé par la Mission pour l'égalité entre les Femmes et les Hommes de l'Université Lyon1. Lors de cette conférence, il expose la nécessité qui s'imposa à lui lors de missions humanitaires en Afrique: travailler à la reconstruction chirurgicale du clitoris pour des femmes ayant subi des rites d'excision (voir la vidéo).
Il explique comment – alors qu'il travaillait en tant que médecin pour Médecins du Monde sur les séquelles des accouchements – il fut amené à répondre à la demande de femmes africaines d'en finir avec les douleurs résultant de ces pratiques mutilantes. Son engagement humanitaire le conduisit à mettre au point une technique réparatrice qui, selon Hubert Prolongeau peut se comprendre comme une Victoire sur l'excision.

Fort de son savoir médical et chirurgical, il s'engagea sur un terrain qui lui semblait familier, même s'il devait s'interroger sur les conditions techniques d'une telle intervention.
Or, alors qu'il commençait à se renseigner sur les données scientifiques disponibles, Pierre Foldès fut confronté à une surprise de taille. Il ne put que constater que "le clitoris n'existait pas" dans les publications scientifiques, alors qu'il existait au contraire une multitude de données disponibles sur la verge. L'anatomie du clitoris était introuvable.

Cette absence de connaissances scientifiques lui fait dire aujourd'hui, qu'il s'agissait là d'une seconde excision, scientifique celle-là.

Elle rappelle l'intervention militante d'un autre médecin, le docteur Carpentier dont le tract "Apprenons à faire l'amour" (distribué en 1971) commençait  par les lignes suivantes: "L’homme possède un organe fait de tissu érectile : la verge. La femme possède un organe beaucoup plus petit mais équivalent, situé au-dessus de l’orifice extérieur du vagin : le clitoris."
Ce qu'énonçait le tract du docteur Carpentier, c'est ce que Pierre Foldès a depuis exploré du point de vue scientifique et médical: les femmes possèdent un organe unique, le clitoris, unique en ce que sa fonction réside exclusivement dans la production de plaisir. La verge sert à uriner et à éjaculer. Le clitoris ne sert qu'à avoir du plaisir.
Or, c'est cette question du plaisir qui alimente Qui a peur du point G? dont le sous-titre associe plaisir féminin et angoisse masculine.

L'ouvrage d'Odile Buisson qui vient de paraître aux éditions Jean-Claude Gawsewitch (février 2011) reprend en effet cette entreprise de conquête du savoir. Dans Qui a peur du point G? Le plaisir féminin, une angoisse masculine, Odile Buisson raconte comment sa rencontre avec Pierre Foldès lui a fait partager cette exigence de production de connaissance à propos du clitoris. Spécialiste de l'imagerie médicale, Odile Buisson a rencontré les questions posées par Pierre Foldès. Elle a à son tour décidé de s'engager dans l'exploration de ce désert du savoir.


En signant  Qui a peur du point G? Le plaisir féminin, une angoisse masculine, Odile Buisson fournit un essai qui amène à réfléchir autour de deux enjeux de connaissance:
• d'abord un enjeu de connaissance pour les sciences médicales qui consiste à constituer le clitoris en objet de recherche légitime (ce qu'il n'était pas avant les explorations de Pierre Foldès)
• ensuite un enjeu de connaissance pour les sciences humaines et sociales qui amène à interroger la place accordée au plaisir des femmes dans les sociétés, tant au plan des significations qui lui sont attribuées qu'aux valeurs qui lui sont associées.

La postface rédigée par Pierre Foldès n'est sans doute pas le moment le plus important de l'ouvrage. En revanche, son texte "Les crimes contre le plaisir féminin" curieusement publié comme une annexe résume en une quinzaine de pages le parcours qui l'a conduit du militantisme humanitaire à la mise en oeuvre de techniques réparatrices du clitoris, et, subséquemment, à la production de connaissances anatomiques et physiologiques sur l'organe lui-même.

Pour compléter la présentation de l'ouvrage:
Une courte interview d'Odile Buisson est parue dans Libération sous le titre "la jouissance des femmes fait peur".
Elle a également été invitée par Audrey Pulvar dans le 6/7 sur France Inter, le 17 février 2011: la vidéo.
Une interview d'Odile Buisson et Pierre Foldès dans Le Figaro madame: "Cachez ce clitoris..."

mise à jour du 22 juin 2011:
depuis le 20 juin, l'association Osez le féminisme a lancé une campagne intitulée "Osez le clito!".
Le site de la campagne développe les points ci-dessus, notamment sur la recherche, avec des interviews d'Odile Buisson et de Pierre Foldès.
pour accéder à la campagne: Osez le clito!


Mise à jour du 15 septembre 2011:
Une critique de Qui a peur du point G, signée Eleonore Song sur fauteuses de troubles.
ça commence comme ça:
"“un livre révolutionnaire sur le potentiel inexploré du plaisir féminin” nous disait la quatrième de couverture... Euh, comment dire? Non..."
la suite ici

vendredi 11 février 2011

Programme détaillé de la Biennale Universitaire pour l'égalité entre les Femmes et les Hommes

Biennale pour l'Egalite entre les Femmes et les Hommes
Université Lyon 1 – 14-25 mars 2011
Le Programme détaillé de la Biennale est disponible.
Les inscriptions en ligne sont également ouvertes sur le site de la Biennale.

Dans un peu plus d'un mois, l'Université Lyon 1 inaugure la première Biennale pour l'égalité entre les Femmes et les Hommes.
Organisée autour de trois temps forts présentés ici, ou , la Biennale rassemblera des actrices et des acteurs se préoccupant des questions d'égalité, de diversité, de discrimination, dans les domaines de l'éducation, de la formation, de la professionnalisation, de l'accueil...
Si la question de l'égalité entre les Femmes et les Hommes est première, les débats intègreront la question de la pluralité des réalités (institutionnelles et sociales), de la diversité des statuts et des positions, et de la variété des contextes (entreprises, établissements scolaires, grandes écoles, université) et des origines géographiques (même si cette première biennale est centrée sur les analyses et les expériences européennes...).



Lundi 14 mars 2011
18h – Vernissage de l’Exposition « corps en jeux » BU-IUFM
18h30 – en collaboration avec GAELIS, Ciné-débat, dans le cadre de la semaine contre l’isolement « Sors de ta piaule », Rockefeller, Philadelphia.

Mardi 15 mars 2011
9h-15h – Journée d’Animation « Les étudiants, le sexe et l’amour », Les Associations étudiantes, GAELIS, l’ACLE, en partenariat avec la Médecine Préventive Universitaire de Lyon 1, LMDE, SMERRA, Filactions, ALS, Planning Familial, Hall de Rockefeller (Espace Rabelais)

12h15 – Festival Science et mangas, Conférence-débat « Genre, cyborg, sciences et manga », Bibliothèque Universitaire, Campus de la Doua, Université Lyon 1
Bernard Andrieu, Stéphane Lallé, Philippe Liotard

Congrès international francophone : Politiques d’Egalité entre les Femmes et les Hommes à l’Université. Elaboration, application, évaluation.
14h00 Accueil, enregistrement, café
15h30 – Conférence d’ouverture « Genre et égalité »

16h30 – Table ronde Problématisation du congrès
1. Egalité à l’Université
2. Recherche
3. Collaboration internationale
4. Lutte contre les stéréotypes et les violences
17h30 – Table ronde Représentation et gouvernance
• Thérèse Rabatel, Adjointe au Maire de Lyon
• Cécile Cukierman, Conseillère régionale déléguée à l'Egalité hommes-femmes, Région Rhône-Alpes
• Anne-Sophie Panséri, Association des Femmes chefs d’entreprise (discussion impact des réseaux et conséquences de la loi sur les CA)
• Elu-e-s étudiants
18h30 – Cocktail d’Ouverture du Congrès
18h30 – en collaboration avec GAELIS, Ciné-débat, dans le cadre de la semaine contre l’isolement, La Doua

Mercredi 16 mars 2011
Congrès international francophone : Politiques d’Egalité entre les Femmes et les Hommes à l’Université. Elaboration, application, évaluation.

9h00 – 1. Formations à l’égalité, principes et mises en oeuvre
• Fanny Gallot (Université Lyon 1) et Naïma Anka Idrissi (Université de Lausanne), « Genre et formation professionnelle en France et en Suisse »
• Laure Bonnaud, Directrice du Pôle égalité femmes-hommes, Université Paris 7, « Formations à l'Egalité à l'Université: diversité des acteurs, diversité des approches, diversité des leviers »
• Patricia Mercader, Centre Louise Labé, Université Lyon 2, « Présentation d’un projet d’analyse des effets historiques de l’arrivée des femmes enseignantes-chercheuses à l’Université Lyon 2 »
• Annick Houel, ANEF, « Les revues sur le genre et leur classement par l’AERES »
10h30 - Pause
10h45 2. Table ronde : Intégrer le sexe et le genre dans les recherches
avec Christelle Hamel de l’Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF), Sophie Perrin de l’association EFIGIES, Christine de l’association Femmes et Mathématiques, Françoise Moos (biologiste), Mission pour la place des Femmes au CNRS (et réseau thématique pluridisciplinaire du CNRS)
12h30 – Déjeuner
13h30 3. Collaboration internationale : vigilance globale et actions locales
• Caroline Belan-Menagier, Mission de la Parité et de la Lutte contre les Discriminations, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, « Horizon Europe 2020, quelles perspectives pour la France ? »
• Claudine Hermann (European Platform of Women Scientists), « La plateforme européenne des femmes scientifiques-EPWS »
• Isabelle Kraus (Université de Strasbourg), « Mise en réseau des carrières conjointes (Allemagne, France, Suisse) »
15h45 Pause
16h00 4. Orientation-professionnalisation : accompagnement et incitation
• Hélène Fueger (Service égalité, Université de Fribourg), « Le mentoring pour promouvoir les femmes dans la carrière académique, principes et expériences au sein d’un réseau européen »
• Sylvie Ruiz (INSA Lyon) Un exemple de marrainage des élèves-ingénieures à l’INSA
• Isabelle Vray-Echinard (OPCALIA Rhône-Alpes), « Etude EGALIA sur l'accès des femmes à la formation professionnelle : quels enseignements ? »

de 14h à 17h, en partenariat avec la Biennale, à l’ENS Lyon « La Place des femmes dans l'histoire, une histoire mixte ». Association Mnémosyne.

de 18h30 à 20h30 à la Maison du livre, de l'image et du son François Mitterrand de Villeurbanne, conférence débat « Les représentations du sexisme aujourd'hui » avec Christelle Hamel, sociologue à l’INED.


Jeudi 17 mars 2011
Congrès international francophone :
Politiques d’Egalité entre les Femmes et les Hommes à l’Université. Elaboration, application, évaluation.

9h – Orientation et professionnalisation : partenariats et dispositifs
1. Professionnalisation, état des lieux
• Farinaz Fassa, Université de Lausanne, « Le plafond de fer de l’Université. Femmes et carrières. »
• Isabelle Mallet (Sociologue, Responsable des relations sociales, SNCF), « De l’encadrement à la dimension du genre. Les Femmes à la SNCF »
• Magdalena Rosende (Université de Lausanne, Bureau de l'égalité des chances) « Parcours féminins et masculins de spécialisation en médecine »
• Laurence Tain (Masters Egales, Lyon 2)
10h30 Pause
10h45 2. Dispositifs d’accompagnement
• Elisabeth Ferro-Vallé (AFNOR), « Egalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Comprendre et agir »
• Anne-Sophie Panséri, Commission parité au MEDEF, quels leviers pour l’évolution des femmes en entreprises
• Claire Saddy, Association Rhône-Alpes Pionnières, « Création d'entreprise au féminin : pourquoi et comment les femmes entreprennent-elles “autrement” ? »
• Jean-Louis Bernaudin, Association Pasc@line, « Stéréotypes des orienteurs, des enseignants et des élèves et orientation professionnelle »
• Sylvie Blaineau, « Présentation d’un dispositif d’aide à l’orientation et d’insertion professionnelle à l’Université Lyon 1 »

12h15 le CLASCHES, «Le harcèlement sexuel: une tabou dans l'enseignement supérieur et la recherche»

12h45 – Clôture du congrès


Vendredi 18 mars 2011
Journée d’étude
Politiques de l’égalité : diversité, vulnérabilité, discrimination, des mots à l’action
9h30 – Egalité ou diversité ? Enjeux politiques et institutionnels
1. Politique égalitaire et enjeux institutionnels
• Agnès Netter, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, directrice de la MIPADI, « La MIssion de la PArité et de la lutte contre les DIscriminations (MIPADI) : enjeux et perspectives »
• Pascale Bukhari, Directrice de la Mission pour la place des femmes au CNRS, « Construire l'égalité professionnelle entre femmes et hommes au CNRS »
• Colette Guillopé, Association Femmes et Sciences, « Rénovation du statut d’enseignant-chercheur : quelles perspectives pour l’égalité entre les femmes et les hommes »
2. L’égalité dans l’enseignement supérieur
• Laure Bonnaud, Directrice du PEFH-Paris Diderot, Présentation du pôle égalité F/H Université Paris 7
• Yves Jayet, Directeur du Centre Diversité et Réussite de l’INSA Lyon, « Accueillir la diversité, et après ? »
• Clémentine Moerman, chargée d'étude au PEFH-Paris Diderot « Bases de données, statistiques temporelles et indicateurs à l'Université Paris Diderot-Paris7 : des outils pour une politique égalitaire des personnels, Enseignants-Chercheurs et BIATOS »
• Noria Boukhovza, Université de Toulouse, « Une approche qualitative du genre : La face caché des enseignant-e-s chercheur-e-s à l'Université »
• Philippe Liotard, Chargé de mission, Université Lyon1, « De l’usage du bilan social pour impulser une politique de l’égalité »
13h – Déjeuner
14h – Ateliers de travail/workshop
1. Egalité, Diversité, Vulnérabilité, Discrimination
• Marisa Lai-Puiatti (HALDE), « Lutte contre les discriminations et égalité de traitement F/H »
• Lorella Pignet-Fall, Présidente de l'association SHARE, « Le programme SHARE, favoriser l’égalité, la mixité et le dialogue social dans les entreprises et les organisations »
2. Entreprise et diversité
• Elisabeth Ferro-Vallé, AFNOR, « Quelle définition de l’égalité exprime le label Afnor ? »
• Isabelle Vray-Echinard, « Egalité, équité , diversité : du concept à l'action »
• Christine Piotte, CIDFF 69, « Appui aux initiatives économiques des femmes de quartier »
16h30 – Conclusions. Intersection des inégalités et spécificité des actions

Lundi 21 mars 2011
Journée de formation
Prévention des violences sexistes, sexuelles.
Déconstruire le genre, et après ?
Amphithéâtre de la Bibliothèque Universitaire de la Doua
9h Introduction de la journée par Philippe Liotard
•Sarah Boukaala, « Travail de concertation sur l'accès à la contraception et la prévention des Infections sexuellement transmissibles en faveur des jeunes Rhônalpins menée par la Région Rhône-alpes »
•Francine Duquet, Université du Québec à Montréal, « Phénomènes d'hypersexualisation et de sexualisation précoce, définitions, enjeux et interventions »
•Philippe Liotard et Sandrine Jamain-Samson, « Lolitas et Sex-bombs : hypersexualisation ou mutations de l’apparence ? »
•Annie Lechenet, IUFM Université Lyon 1 et Patricia Mercader, Université Lyon 2, « Violences et genre en milieu scolaire »
•Claire Malen, Photographe, « “En Marche !”, Un projet d’exposition photographique autour de la Marche Mondiale des Femmes. La lutte : une contre-violence »

14h, Table ronde, « Le couple, pratique relationnelle à risque ? »

15h ateliers
Atelier 1 : Genre, violence et santé : (Conceptions de la santé et représentations des relations entre les sexes)
Atelier 2 : Genre, violence et éducation (pornographie et économie sentimentale de la sexualité)
17h-18h : Francine Duquet : présentation d’Oser être soi-même (outils d'éducation à la sexualité pour contrer les phénomènes d'hypersexualisation et de sexualisation précoce auprès des adolescents âgés de 12 à 17 ans)


En Soirée : 20h30 lancement de la deuxième édition du Printemps de la Jupe et du Respect en partenariat avec la Biennale.
Lieu, la Plateforme, Lyon. Pièce de théâtre et débat : Ascenseur pour l’égalité

Jeudi 24 mars 2011
14h-17h, INSA Lyon, Théâtre avec les Collégiens du Tonkin
Amphithéâtre de la Bibliothèque Universitaire de la Doua
17h – Débat : La question du genre dans l’art contemporain
Arianne Thézé, Artiste plasticienne

samedi 5 février 2011

carton rouge à l'homophobie - montpellier ASSE

Ce soir, deux équipes de Ligue1 ayant signé la charte contre l'homophobie initiée par le Paris Foot Gay, se rencontrent.
Montpellier dont le président, Louis Nicollin, n'est pas connu pour la finesse du propos, et Saint-Etienne.
Quelques brèves, ici ou , ou un twitt sur asseinfo, reprennent le communiqué de presse du Paris Foot Gay ou l'article de Têtu et fait état de la distribution de places gratuites pour des jeunes accueillis par l'association le Refuge, à Montpellier.

A part ces brèves, j'ai peu vu de communication par les clubs eux-mêmes, pourtant signataires (rien sur le site de l'ASSE ni sur celui du MHSC).  Lire aussi le commentaire de cette info sur Yagg.

Trois choses présentent donc de l'intérêt dans cette initiative:

la vidéo
carton rouge à
l'homophobie 
1) qu'un club professionnel manifeste son engagement à la charte par une action publique
2) la discrétion des clubs signataires sur leur propre engagement (nous luttons contre l'homophobie, mais quand même...)
3) les réactions du public à la photo qui réunira les équipes derrière la banderole Carton rouge à l'homophobie et à la projection du clip Carton rouge à l'homophobie qui sera projeté sur les écrans du stade.



à suivre donc...

la suite: sur le site de l'équipe rien dans le fil d'info qui précède le match

mercredi 2 février 2011

les adolescents, leur corps et les autres: les chroniques de l'age dur, par Max de Radigues

Dès son retour à Bruxelles, Max de Radiguès signe avec l'Âge dur, une chronique de la vie adolescente (Max de Radiguès, L'Âge dur, Bruxelles, L'employé du moi, 2011).
Il y a du Charlie Brown dans ses chroniques, en plus âgé et plus intrigué par les êtres de l'autre sexe que ne l'était Charlie Brown dans Peanuts, la célèbre série BD de Schulz. (L'influence de Schulz se comprend lorsque l'on sait que de Radiguès rentre d'un séjour au Center for Cartoon Study, dans le Vermont, là-même où la Schulz library conserve tout ce qui s'est fait aux States en matière de fanzine et de BD).
Les personnages de l'Âge dur se confrontent les uns aux autres dans leur quête d'affirmation identitaire, à partir de leur corps qui leur échappe autant que celui d'autrui les attire.
Le synopsis proposé sur le site de l'éditeur décrit l'ambiance: "Gautier sort avec la belle Louise mais ressent aussi quelque chose pour Marc. Romain n’a jamais embrassé personne. Candice essaye d’avoir les devoirs de Pauline. Martin copie sur Jeanne. Nicolas a appris à jouer Stairway to Heaven. Ça n’impressionne pas du tout Sarah. Michel est trop timide pour parler avec Claire surtout depuis le coquard qu’il lui a donné..."


Bref, si l'on rajoute à cela la mère de Michel qui trouve un paquet de cigarette dans la poche de sa veste, le fait qu'il ne parvient pas à mettre le panier de basket-ball grâce auquel il pourra sortir avec Claire, la vie n'est pas simple.  Surtout quand se profile la photo de classe et qu'il faudra ainsi se présenter sous son apparence la plus valorisante.
Max de Radiguès décrit avec bonheur ces tranches de la vie adolescente. Il n'oublie ni l'angoisse liée à l'apparition d'un bouton, ni les enjeux sociaux du premier baiser, ni la violence par laquelle se règlent les conflits, ni non plus l'affirmation de soi à travers la mise en scène du couple.
Ce que l'Âge dur illustre parfaitement, c'est aussi la manière dont les rapports entre filles et garçons se structurent autour et à partir de la sexualité, et notamment à partir de tout ce qui s'imagine autour de la sexualité. L'histoire de la façon dont les garçons fantasment autour du sein de Vicky est sur ce point remarquable de la manière dont les filles nourrissent le discours des mecs et leur sert à s'affirmer en tant qu'homme devant les autres garçons.
A lire donc, cet Âge dur.
Pour le plaisir mais aussi pour rappeler aux adultes que c'est vraiment dur la vie d'ado...

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey* « Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles. À présent je...