Henry's six mois sur un fil Géant Casino, Saint-Etienne, 1973 Photo Archives du Progrès |
Henry's 80 ans et toujours en l'air, Dunières, 2011 |
C'est par une brève du Progrès que j'ai reçu l'information, hier: Henry's, le funambule est décédé. Maître des traversées de grands espaces réalisées sur un fil, à pied ou à moto, il était Théodore dans Les Virtuoses du corps, de Stéphane Héas qui ne s'était pas trompé en l'identifiant comme un être exceptionnel.
A 82 ans, Henry's a coupé le fil. Après avoir vécu et été reconnu par ses exploits d'équilibriste, il a rompu le câble pour éviter l'étiolement du corps.
Cette nouvelle m'a pincé le coeur parce qu'Henry's était un personnage de mon enfance. Il apparaissait de temps à autre à l'occasion d'un nouvel exploit, au sommet d'un bâtiment improbable ou traversant un nouveau précipice. Et puis, Stéphane Héas m'en a reparlé il y a de cela quelques mois, avec beaucoup d'émotion et même de tendresse.
Je me suis souvenu d'Henry's il y a quarante ans, sur le parking du Géant Casino de Saint-Etienne où nous étions allés en famille, un dimanche de 1973. J'avais été déçu de voir qu'il avait un petit abris où il pouvait s'asseoir, se laver, manger, dormir... Mon imagination enfantine ne s'était, jusque là, pas embarrassée de considérations si matérielles. Passer six moi sur un fil, c'était sur un fil, pas dans une cabane, fut-elle d'un m2 à vingt mètres du sol.
On en parlait en ville. C'est pour cela que mon imagination s'était enfiévrée à l'idée de voir cet homme capable de vivre en l'air.
Toute la ville en parlait puisque c'était dans Le Progrès.
Au collège, il y avait ceux qui l'avaient vu et les autres. Je faisait partie des premiers sans avouer ma déception.
Depuis cette époque, Henry's, évoque pour moi la ville ouvrière fière d'elle-même et de ses valeurs de solidarité et de simplicité, symbolisée par "le Géant", les crassiers, le Puits Couriot, la place "Marengo" et le stade Geoffroy Guichard. D'ailleurs, tous ces sites ont été traversés ou explorés par ce funambule qu'on jugeait quand même un peu fou pour aller se percher comme ça.
Stéphanois de légende, comme le titre la galerie de photos du Progrès, il prend place du côté des magiciens donnant du rêve aux enfants bien après leur enfance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire