
Près de 30 ans après le Québec, la France se saisit de la question.

Les comptes rendus attestent de l'intérêt d'une prise en charge des auteurs de violences dans le cadre de programmes de prévention de la récidive. Le public dont il était question était essentiellement un public relevant de l'injonction judiciaire, même si l'association Passible de Grenoble a rapporté quelques volontaires consultant librement.
La prise en charge d'auteurs de violences condamnés pour leurs actes paraît donc nécessaire.Cependant, la notion d'injonction de soins dont s'accompagnent certaines condamnations implique une perception des auteurs de violences comme des malades qu'il s'agirait de soigner. Or, selon Odile Nesta-Enzinger, les personnes souffrant de troubles psychopathologiques ou les personnes perverses ne constituent qu'une part infime des auteurs de violence. La majorité des auteurs de violences sont au contraire des personnes normales au plan psychologique. En revanche, selon la gravité des actes qu'elles ont commis, elles entrent dans les catégories pénales de délinquants ou de criminels, pour la seule raison qu'ils ont commis ces actes, et quelles qu'en soient les raisons.
La difficulté consiste précisément à tenir compte de la normalité des individus qui commettent des actes condamnables, à ne pas en faire des monstres, pour mieux saisir les mécanismes qui les poussent à agir ainsi. Une autre difficulté réside dans la nécessité de distinguer les différents types de violences et la pluralité des logiques qui les génèrent. C'est pour cela que le travail engagé par Stéphanie Cava et Nathalie Munch dans le SPIP de Lyon semble pertinent. En s'appuyant sur des groupes de parole organisés avec des personnes condamnés pour des violences, elles font émerger non seulement ce qui pousse à agir, ce qui déclenche la violence, mais permettent également, pour les hommes violents, de prendre en compte la victime de leur violence, et à la considérer à nouveau comme un sujet.
La question de la relation a paru en effet se situer dans l'arrière-plan des discussions. Or, la violence résulte d'une relation. L'enjeu scientifique réside dans la compréhension des mécanismes d'interaction qui conduisent à des réponses violentes. L'enjeu éducatif se situe au plan de l'éducation au respect d'autrui afin de rendre acceptable le conflit et possible la négociation. Car une chose est ressortie de toutes les interventions, c'est qu'il y a violence là où une parole respectueuse est impossible.