dimanche 13 mars 2022

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey*


« Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles.

À présent je déteste toutes les guerres, même les bagarres entre gamins.

Et ne me dites pas que cette guerre est terminée »

Les cercueils de zinc

Svetlana Alexievitch



Je me souviens du froid et de la longue attente.

Je suis couché dans la neige, à flanc de colline, à quelques centaines de mètres de la lisière d’une forêt.

Je suis au 99è régiment d’infanterie, affecté à la CEA, Compagnie d’éclairage et d’appui, section du lieutenant Romero.

Je suis tireur Milan.

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Le Milan est une arme très précise et puissante, adaptée à la lutte contre les tanks, les véhicules blindés et des bâtiments.

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Couché dans la neige, talkie-walkie posé entre le coude et la tête lestée d’un casque lourd, je fixe la route en contre-bas. C’est une route étroite où deux voitures passent difficilement de front. Je dois, m’a-t-on dit la surveiller, attendre que du bois dont elle sort surgisse un tank russe. La lisière où plonge la route est à huit-cent mètres environ, deux tours de piste.

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Le Milan peut atteindre des cibles à 2 500 mètres grâce à un système de guidage semi-automatique, dit «filoguidé».

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey* « Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles. À présent je...