Collection de têtes maories - 1908 |
Ces crânes étaient objet de commerce et de trafic dès la fin du XVIIIè siècle et tout au long du XIXè siècle en raison des tatouages que portaient les Maoris sur le visage.
La cérémonie de remise des crânes a lieu au Musée du quai Branly (Paris) le 23 janvier 2012, qui vient de consacrer une exposition à la culture maorie: Maori. Leurs trésors ont une âme.
La conservation de ces crânes – collectés à une époque où les "sauvages" n'étaient pas considérés comme des êtres humains et où l'on pouvait alors monnayer leur corps – a permis un certain nombre de recherches scientifiques. Tout d'abord, elle a contribué à l'élaboration d'une économie du regard dans laquelle le corps de l'autre (le "primitif", le "sauvage") participait à la construction de l'identité occidentale: l'exposition des Indigènes des colonies dans des "zoos humains" alimentait l'imaginaire colonial et la croyance en une hiérarchie raciale (voir "le corps de l'autre" de Nicolas Bancel et Olivier Sirost, dans Bancel, Blanchard et Boetsch, Les Zoos humains, Paris, La Découverte, 2004).
Plus récemment, ces crânes ont été l'objet d'un certain nombre de travaux (notamment à partir de leur ADN) qui a permis de comprendre que certains ont été scarifiés après leur mort, pour leur accorder une valeur marchande supplémentaire (voir Quels sciences pour les restes humains? d'Hervé Morin).
Mais la conservation elle-même a engendré un débat politique sur l'usage et la propriété des cadavres et des restes humains. Les Indigènes et Autochtones de tous les territoires ont fait valoir leurs droits à récupérer les vestiges de leurs ancêtres et à les faire sortir des placards des Musées occidentaux.
Le débat oscille désormais entre la conservation d'éléments humains permettant de contribuer à une histoire de l'Humanité et leur destruction au nom du respect des rites funéraires des sociétés dont ils sont issus.