dimanche 13 mars 2022

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey*


« Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles.

À présent je déteste toutes les guerres, même les bagarres entre gamins.

Et ne me dites pas que cette guerre est terminée »

Les cercueils de zinc

Svetlana Alexievitch



Je me souviens du froid et de la longue attente.

Je suis couché dans la neige, à flanc de colline, à quelques centaines de mètres de la lisière d’une forêt.

Je suis au 99è régiment d’infanterie, affecté à la CEA, Compagnie d’éclairage et d’appui, section du lieutenant Romero.

Je suis tireur Milan.

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Le Milan est une arme très précise et puissante, adaptée à la lutte contre les tanks, les véhicules blindés et des bâtiments.

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Couché dans la neige, talkie-walkie posé entre le coude et la tête lestée d’un casque lourd, je fixe la route en contre-bas. C’est une route étroite où deux voitures passent difficilement de front. Je dois, m’a-t-on dit la surveiller, attendre que du bois dont elle sort surgisse un tank russe. La lisière où plonge la route est à huit-cent mètres environ, deux tours de piste.

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Le Milan peut atteindre des cibles à 2 500 mètres grâce à un système de guidage semi-automatique, dit «filoguidé».

samedi 15 janvier 2022

Yann Brënyàk bodmodeur

Yann Brënyàk était un bodmodeur, un de ces artisans qui sculptent le corps à coup de scalpel. Il avait une tronche de punk qu'on n'oublie pas: visage tatoué, piercings, oreilles, comment dire... c'était Yann. Et quand il n'était pas là, il manquait.


Yann Brënyàk
Voilà une des dernières images que je garde de Yann prise lors de l'interview qu'il m'a accordée à distance, sur zoom le 19 mai 2020. Aujourd'hui* sa mort a fait le tour des réseaux sociaux. Le monde des modifications corporelles et des bodmods est en deuil.

*(ce billet a été commencé le 3 novembre 2020 et, comme celui sur HannaH Sim, je n'ai pas pu le finir, trop affecté par leur décès. Le fait que je sois moi-même arrêté quelque temps pour des raisons de santé me permet d'y revenir, avec sans doute moins d'émotion mais tout autant d'intensité dans ce que j'ai conservé de leur rencontre)

J'ai appris la mort de Yann moins de six mois après qu'il m'a accordé l'interview dont je viens de parler.
La nouvelle m'a sauté aux yeux, déchiré le coeur. C'est difficile de dire comment une réalité d'une telle violence nous arrive, ce qu'elle produit en soi. Yann, je l'avais senti fragile, parfois bien paumé – et il le disait. Là, de nos échanges, je l'avais trouvé fort; il avait pris de la distance avec certaines personnes car elles étaient éloignées de ses valeurs. Il était amoureux. De l'amour qu'il vivait une petite vie avait déjà pris forme dans le corps de Laura. Depuis, Shayahn est né qu'il n'a pas connu.

lundi 10 janvier 2022

À Hannah Sim; le corps de l'Alien ne reste pas sur terre.


Peu de gens peuvent imaginer la peine que l'on peut ressentir au départ d'une Alien.
La mort d'HannaH Sim m'a empli de peine.
Celle de Yann Brënyàk une semaine auparavant*, m'avait déjà beaucoup touché.
L'envol d'Hannah bouleverse toutes celles et tous ceux qui la connaissaient.
Elle les bouleverse vraiment. 

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey* « Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles. À présent je...