Hier, 2 novembre 2017, Gala titre un article de Marion Rouyer:
Sous-titré "Une santé fragile", l'article renseigne sur les dernières hospitalisations du chanteur qui aurait été opéré de la hanche mais aurait aussi subi une séance de chimiothérapie pour son cancer du poumon.
La hanche de Johnny inquiète au moins autant que la cuisse de Zinedine Zidane en 2002.
Parce qu'elle est la hanche d'un patrimoine de la masculinité française.
Plus que la hanche, le cancer du poumon symbolise le déclin de celui qui depuis 50 ans incarne le corps français du rock, et au bout du déclin, la mort.
Les images de Johnny fatigué, au visage creusé et aux traits tirés et la certitude qu'il souffre d'un cancer rappellent qu'il va mourir, comme tous les rockers.
L'an dernier, l'entrée sur scène de Johnny dans sa tournée "Rester vivant", affiche pourtant ce qui fait sa force: la manière dont il se transforme en bête de scène et la manière dont son corps devient, dès la première mesure, dès la première lumière, un corps fort, un corps qui incarne une masculinité devenue patrimoine.
Hallyday est un chanteur-corps qui prend la scène depuis sa toute première apparition à la télé en 1960 à l'âge de 17 ans (que l'on peut voir ici et où il est présenté comme timide lorsqu'il doit parler mais dont on perçoit bien qu'avec sa guitare il incarne déjà le rock).
La toute première image du concert de "Rester vivant" de 2016, donc, celle où le rideau s'ouvre sur une ombre, Johnny Hallyday devient Marv, l'indestructible personnage de Sin City (2005), joué par un autre acteur-corps, Mickey Rourke.
Mickey Rourke as Marv, Sin City
|
Entre les albums et la scène, Johnny offrent deux facettes:
Le studio donne les tubes enregistrés avec ce qui se fait de mieux comme musiciens, comme paroliers, tubes que les radios diffusent années après années. Dans le studio, Johnny est une voix. Sur les premières pochettes, il prend la pose du rocker.
Johnny Hallyday T'aimer Follement, 1960 |
Johnny Hallyday, Souvenirs, souvenirs - 1960 |
Les tournées donnent la scène et le corps suant, carré, synchronisé à la musique, un corps captant le regard par son énergie et par cette manière d'incarner le rock, même vieillissant, même malade, même affaibli. Sur scène, Johnny est un corps rugissant, chantant, vibrant... un corps qui s'offre et s'affirme, qui restitue l'énergie d'un public électrisé.
Avec la maladie, le corps de Johhny inquiète.
L'hôpital, il connaît. Les malaises, la hanche, le cancer... La presse dite "people" chronique son corps vieillissant qui a ses faiblesses, d'autant qu'il a connu les excès.
Ce déclin de Johnny, on l'a connu chez d'autres forces du rock, Lemmy Kilmister dont le corps des derniers concerts avait perdu de la superbe, malgré le son, malgré la basse, malgré le micro placé haut.

Lemmy Kilimster
Hellfest 2015
Quelques mois avant de mourir
|
Le titre de l'article "Johnny Hallyday opéré de la hanche et immobilisé en fauteuil roulant" renvoie à une image de vulnérabilité qui ne colle pas avec la force du chanteur sur scène. Il évoque la couverture médiatique du déclin d'un jeunot pour Johnny, Shane Mac Gowan, le chanteur des Pogues, né en 1957, près de quinze ans après Johnny et que la presse britannique traque depuis qu'il circule en fauteuil. Lui aussi est connu pour ses excès d'alcool. Et tout semble se passer comme si le grand public se délectait de ce déclin.

Shane Mac Gowan, The pogues |
Shane Mac Gowan, en fauteuil roulant |
Johnny malade, blessé, est une image qui fera aussi la une des journaux, comme l'ont fait celles de son visage fatigué.
J'ai lu que le chanteur vieillissant et malade préparait une tournée.
Allumer le feu jusqu'au bout, c'est finalement très rock'n roll.