jeudi 15 août 2013

Marion Bartoli le corps à bout

Marion Bartoli explique sa décision
de mettre fin de sa carrière
Marion Bartoli, contre toute attente, vient d'annoncer le 15 août 2013 sa décision de mettre fin à sa carrière de tenniswoman. Née au Puy-en-Velay en 1984, elle venait de remporter Wimbledon ce mois de juillet 2013. Une championne qui prend sa retraite, c'est dans l'ordre des choses. Sa récente victoire dans un tournoi du grand chelem (Wimbledon 2013) et son statut de meilleure française dans un sport très médiatisé rendent pourtant sa décision digne d'attention à l'instar de l'arrêt de Marie-Jo Pérec ou de Laure Manaudou en leur temps. Les commentaires devraient suivre, nombreux, dont certains, à n'en pas douter mettront en cause le choix de Marion Bartoli. Quoiqu'il en soit, déjà, la nouvelle a fait son chemin.

Si je la relaie, c'est en raison des arguments donnés par Marion Bartoli pour justifier sa décision. Dans un entretien accordé à lequipeTV, elle ne parle pas de lassitude, ni d'aboutissement.

Elle parle d'épuisement.

Ce qui ressort, c'est qu'elle est allée au bout de ce que son corps pouvait produire en matière de performance.
C'est ce que souligne Jacques Plana sur France info dans le retour qu'il fait de la carrière de Marion Bartoli dans le dossier consacré par la radio: "Tennis: Marion Bartoli met un terme à sa carrière". Il rappelle qu'elle était "handicapée par un physique qu'elle qualifiait elle-même de commun" ce qui supposait un travail intense pour parvenir à en repousser les limites. Handicapée par son propre corps pourtant entraîné, la formule ne manque pas de sel. Son corps était considéré comme "hors-norme" dans le tennis professionel, en raison précisément de sa normalité. Un corps banal, ordinaire, "commun" mais entraîné jusqu'à l'épuisement pour arriver à gagner.
Marion Bartoli, un corps très éloigné
de celui des canons du tennis actuel

Aujourd'hui pourtant, elle a décidé d'arrêter cette exigeante quête: "Je sens que mon corps ne peut vraiment plus" confie-t-elle à lequipeTV. "Je suis vraiment allé au bout de mes limites [pour gagner Wimbledon...] j'ai vraiment été au maximum du maximum". Mais à quel prix peut-on se demander?

Six semaines après la victoire sur le gazon anglais, Marion Bartoli revient sur la fragilité de son corps, sur la succession de petites blessures tout au long de la saison, mais surtout sur la douleur, invalidante. "La semaine dernière c'étaient les abdominaux, cette semaine au bout d'un set j'avais tellement mal aux tendons d'achille que j'avais du mal à marcher [...] alors courir". La douleur est partout, constante. "J'ai mal de partout... " poursuit-elle.
Ce qui la pousse à conclure: "je crois que le corps a ses limites et que j'ai atteint les miennes [...] quand on est athlète on sent ces choses là". Elle a cherché ses limites. Elle les a repoussées, par un travail acharné. Depuis l'âge de six ans, tout ce qu'elle a fait a conduit à ce dépassement, à l'atteinte du "maximum du maximum". Aujourd'hui, il est atteint.

Le corps épuisé de Marion Bartoli va pouvoir se reposer. Elle va pouvoir arrêter de se maltraiter.
Elle a la sagesse de mettre un terme à la souffrance, de respecter son corps, et donc de se respecter.

Pour regarder des extraits de l'interview donnée à lequipeTV

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le jour où j’ai stoppé les Popovs dans le Bugey* « Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles. À présent je...